CROMWELL BAR Headline Animator

mardi 13 octobre 2009

Le clandestin: L'étranger absolu.


Revenons sur l'affaire de « la jungle de Calais ». On a rasé ce campement de fortune( ?) avec une détermination, une brutalité, qui a beaucoup à voir avec une énergie sacrificielle ou communie honteusement tout un peuple qu’il soit de droite ou de gauche. L'émotion suscitée par cette affaire nous révèle une forme de non-dit, de refoulement collectif sur ce qu'on peut appeler « le ressentiment contre les étrangers », du désarroi dans laquelle nous vivons la mondialisation en cours.
Cet obscur ressentiment gagne en force dans nos sociétés aux structures et contours flous, ouvertes et liquides ou s'effacent les classements sociaux, les nations, les frontières d'un monde ordonné désormais obsolète. L'instabilité permanente des positions sociales oblige les sociétés occidentales à des redéfinitions constantes du statut de chacun qui fragilise les anciennes sécurités routinières, favorise une atmosphère de peur diffuse de devenir « étranger » à son propre environnement, un exilé de l’intérieur du jour au lendemain.
Dans ce contexte, les étrangers, les réfugiés, pire encore, les clandestins font office d'effigie du spectre de l'effondrement d'un monde dont désormais les limites se distendent à l'infini sous l'effet de la mondialisation marchande et d'une division planétaire du travail. Ils sont le double obscur, inversé, répulsif de nos vies ordonnées et donc la cible privilégiée de rituels d'effacement de leur présence : on ne doit pas les voir, ils doivent demeurer invisibles pour conjurer nos peurs de leur ressembler.
Surtout on ne veut pas voir qu'ils apportent avec eux des rumeurs de guérilla, de famines, de massacres où ils s’entre-tuent, si jeunes, dans des guerres qui ne sont pas des jeux, des échos de leur incapacité à travailler, d'être dépourvu de tout avenir dans leur pays d'origine. On ne veut pas voir qu'ils sont des centaines de milliers à se faire chasser de chez eux faute d’y avoir une place. Ce qu’on ne veut pas voir ce sont les résultats d'une « globalisation négative » qui nous effraie et risque de toucher une vie qu’on n’imagine pas si éloignée de la leur.
Parmi ces inconnus, ces bannis, la place d'honneur revient la figure du « clandestin » forcément sans visage, race, origine ; symbole à lui seul de tous les exilés des régions laissées pour compte de la planète. En venant frapper à nos portes il nous rappelle combien est vulnérable notre civilisation.
Ces clandestins sont des apatrides d'un nouveau genre. Ils le sont doublement, d'abord en raison de la non-existence de l'État auquel pourrait renvoyer leur citoyenneté et ensuite du fait que nous ne voulons ne leur en accorder aucune. Pourvu qu’ils ne fassent que passer…N'ayant ni départ, ni arrivée, Ils forment une espèce nouvelle de parias en situation de flottement permanent, dans un état de mouvance sans fin : ils représentent toutes les prémonitions qui hantent les insomnies l'homme occidental.
Les clandestins sont les étrangers absolus, ceux qu'on ne peut, ni ne veut voir dans nul endroit où alors dans des « non-lieux » des lieux eux mêmes déplacés tels que les marges portuaires, espaces incertains, fantomatiques en déshérence urbaine. Une fois à l'extérieur, ils y restent indéfiniment...C’est bien cela notre cauchemar ! D’être définitivement déterritorialisés, exclus de notre humanité.

dimanche 11 octobre 2009

Aux larmes citoyens!...



La chose publique (res publica) se meurt ! Les victimes se comptent par millions ! Des citoyens que plus jamais l’état républicain n’entendra, ni n’écoutera…Les politiques sont devenus des Princes sacrés, qui, avec leurs courtisans mettent leurs actes hors de portée du peuple profane. De nouveaux féodaux, ivres de leur puissance au point de faires de leur vie privée, de leur avidité, de leurs vices, une évidence au dessus des lois, d’être dans une confusion mentale telle qu’ils confondent les hommes d’Etat qu’ils se devraient d’être avec l’hommes privé, pathétique ramassis de petits secrets inavouables qu’ils érigent en vertus civiques !
On en appellerait aux mannes de Saint Just pour moins que cela!
Sous les vagues échos de l’expansion continue d’un hédonisme de bazar, soit disant anti totalitaire porté par des philosophes aussi nouveaux qu’indigents, sous les coups de la révolution conservatrice ultra libérale sans cesse renforcée par une pensée libertaire dévoyée, tout concours à vider le citoyen de son pouvoir, de sa souveraineté. La république n’est plus ni « une » ni « indivisible » : Elle est chose privée.
L’Etat et ses appareils ont implosé, se sont fragmentés... Les dégâts collatéraux sont immenses et irréversibles. C'est bien à la privatisation de l'État qu'on assiste. Triomphe du lobbying clientéliste de toute nature, corporations, associations, stars du showbiz, très riches, artistes près de leurs sous, sondages privés comme Ersatz d'expression citoyenne, Presse de révérence, ce nouveau clergé en charge du prêche : sans cesse le « déplacement » comme dispositif, la mise au pas de toute critique radicale.
Floraison de multiples baronnies, d'une mosaïque inextricable de petit fiefs, d’hommages, d'allégeances et de félonies qui se déchirent l'héritage des restes de l'État en des guerres privées… Guerres des fils pour emporter le pouvoir du père.
Dans ce monde liquide une seule chose certaine : le peuple est absent, inaudible et désemparé, contraint jusqu'à l'absurde, pour se faire entendre, d'utiliser les mêmes armes que le tyran...
L'effacement des conflits sociaux condamne les salariés au désespoir dans des entreprises de plus en plus cannibales où l'on se suicide, à transformer leurs luttes en spectacles médiatisables sans lendemains: incendie massif d'un dépôt du bus, Clip vidéo de rap prolétaire sur « you tube », ou « Face book », cyniquement décortiqué par des experts communicants épatés de l’inventivité des « gens d’en bas » dans l'émission « ce soir ont jamais » sur la trois !
La déréliction de syndicats pétrifiés par la méduse. Eux-mêmes en sont réduits, face au silence indifférent, à organiser des spectacles de rue, des « interventions »...n’osant plus la grève générale, s'excusant timidement d'avoir réuni si peu de monde ! Bientôt ils s'inscriront aux intermittents du spectacle… Les politiques ne sont pas en reste de mondanités spectaculaires : coups bas médiatiques en direct, tutoiement de maquignons, le vote privé à deux euros, la votation pour les services publics, où ils découvrent effarés, hébétés, que le référendum d'initiative populaire n'en est pas un, et que bien qu'il soit gravé dans le marbre la constitution, on a « oublié » d’en voter les lois de mise en œuvre...

Nous sommes dans un « totalitarisme tranquille » à la « démocratie confisquée » comme le dit André Bellon dans son ouvrage. Le temps est venu pour que les citoyens se sauvent eux mêmes, se réapproprient leur république, par de nouveaux cahiers de doléances. Que le peuple parle de nouveau et se fasse entendre en redéfinissant les règles du jeu politique, en élisant une nouvelle assemblée constituante au suffrage universel direct pour refonder la république et réaffirmer sa souveraineté.
 
> rédacteur Agoravox