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mardi 6 décembre 2011

Politique de la misère et misère de la politique



Pas moins de cinq sommets de l’Eurozone ! Chacun se flattant d’avoir trouvé la solution totale et définitive. Chacun enflant dans la démesure spectaculaire de surenchères et de l’autocongratulation : nouveaux montages financiers, montants de plus en plus pharaoniques obsolètes dès le lendemain. On crie pourtant que ce sera définitif, que tout est sauf pour de vrai. Il a suffi qu’un référendum s’invite pour irriter l’entre soi des princes et les démasquer, mettant ainsi à nu les arrières pensées anti Etat, antidémocratiques viscérales du néolibéralisme. Le coupable fut convoqué et sommé immédiatement de laisser la place. Il s’exécuta !
Voilà de quoi émouvoir les nations, les peuples et les citoyens de l’Europe !tous furent frappés, tous s’indignèrent. La suite confirma les craintes et surtout les nôtres : abandons de souveraineté, éloignement programmé des peuples de tout contrôle démocratique, de toute réappropriation de souveraineté.

L’Euro est-il sauvable ? Et à quel prix pour les peuples qui n’y sont pour rien (cf. référendum de mai 2005) Comment protéger les acquis de progrès de la république dans un tel contexte ? Il faut bien reconnaitre que le problème est de taille. Peut-on encore penser la constituante dans un cadre franco-français pour la république française?

Première sommation en 2008.On nous déclara que tout était arrangé et que la crise était derrière nous ! (dixit le premier discours de Toulon du Président Sarkozy). On croit entendre le Président Hoover, en pleine crise des années trente, déclarer « La prospérité est au coin de la rue » peu avant la montée des tragédies à venir. 2008 n’était que la première vaguelette avant le tsunami. Nous étions déjà engagés dans un choc récésionniste durable avec un creusement exponentiel des déficits dû aux monomanies obsessionnelles de l’orthodoxie néolibérale. Dès les années 80, l’Etat « providence » fut la première cible. Il devait « maigrir », puis maintenant l’Etat « social » L’objectif étant l’Etat régalien bien sur réduit au pouvoir sans peuple, nous faisant passer de « sujet-citoyen » (1789), au « citoyen-sujet »(1980), comme les marchés rêvent de profits sans usines, sans redistribution et sans partage, sans création de valeur réelles par le peuple !(En 1978, 30% des actifs employés dans l’industrie contre 14% en 2008 !). Mais qu’en faire ? L’assister « a minima ». Cela y ressemble mais ce n’est pas la République sociale, bien au contraire : C’est de la charité d’Etat !, le néo dix-neuvième siècle : la misère croissante du peuple. La république ne sera jamais achevée tant qu’elle ne sera pas sociale. C’est à nous de faire passer cet esprit à travers de la constituante.
Monnaie Unique et souveraineté. Pourquoi pas, d’ailleurs « monnaie Commune » …Le pouvoir de battre Monnaie a toujours été régalien et par extension un élément clef de la souveraineté des états-nations. Un institut d’émission et un Etat. L’Euro et la BCE ne sont rien de tout cela ! On a bien une Banque Centrale, mais associée à aucun Etat-nation. D’ailleurs, un de ses pères fondateurs le reconnait lui-même. L’Euro avait pour mission de « verrouiller » la paix en Europe. Les implications économiques et sociales en furent vite oubliées par des politiques plus soucieux de créer une « Zone optimum de croissance » comme disaient les économistes forcenés de l’ultralibéralisme de l’époque, ouvrir toutes grandes les portes de la mondialisation, antichambre sinistre de la financiarisation. L’Euro nait économiquement non viable.
Le peuple avait raison de dire non au traité de Lisbonne en mai 2005 ! E.Todd, ne fut pas davantage entendu quand il prédisait l’implosion de l’Euro, ou quand il écrivait « Après démocratie » en 2008 et bien d’autres encore…On connait la suite : déni historique de la volonté du peuple, abandons massifs et de plus en plus nombreux de souveraineté populaires et nationales, la république en voie de privatisation, détricotage systématique des acquis du CNR, sociaux, politiques, du paritarisme, du Droit du travail etc Tous considérés comme des coûts inutiles.. A cet égard le mouvement de 2003 contre les retraites fut exemplaire ! Il était hors de question que le mouvement de 1995 puisse se reproduire ! Le peuple ne fut ni écouté, ni entendu ni consulté. Il ne le serait jamais plus et pour longtemps ! Vote et Tais-toi.


pouruneconstituante.fr

jeudi 22 avril 2010

Pierre Bourdieu : Éléments pour un éloge.



Au début était la fin.

C'est presque malgré lui qu'il s'est engagé avec tant de passion auprès des mouvements sociaux de son temps comme s'il avait été appelé par une nécessité impérieuse. Un devoir à accomplir, une révélation que la théorie comme il l'avait pensé ne serait pas suffisante pour que le mort puisse saisir le vif. Jean-Pierre Vernant compara cette conversion à l'action, toute proportion gardée, à celle que vécu Jean Cavaillès, qui en 1940 se sentit appelé par les urgences du temps à quitter le ciel des idées pour rejoindre les batailles du concret où il devait périr.
Bourdieu se sentit contraint par la situation historique à descendre dans la rue et y faire descendre ses concepts avec lui. Il était persuadé que la connaissance, le savoir est une arme politique notamment contre les prétendus savoirs, les « les fairy tales » des communicants d'aujourd'hui.
Comment assister sans réagir à la destruction comme il l'a écrit souvent d'un type de civilisation, très imparfait, mais qui devait malgré tout être défendu. Surtout au moment où la classe intellectuelle trahissait ses principes et perdait tout honneur et toute dignité après des dizaines d'années de reniement de compromission de palinodies de révérence au monde dominant de la communication.
Bourdieu n'avait que pour lui que son énergie, ses convictions et sa puissance d'analyse. Il l’ a payé au prix fort . Il l'a payé au prix de sa disparition en tant qu'intellectuel. Ils l'ont tué. Et avec lui une grande partie de la pensée contemporaine. Il était un obstacle au développement de toutes les idéologies les plus aliénantes, les plus fantaisistes et les plus serviles, celle, officielle au service du « bien ». Permettant ainsi à l'idéologie ultralibérale de se mettre au service de l'avidité du siècle. Il a été liquidé, comme on veut liquider la pensée de 68...
Il lui fallut affronter les attaques déchaînées, des campagnes d'insultes, de calomnies d'une violence extrême car il touchait à des puissants pouvoirs. Rien ne lui fut épargné jusqu'aux moqueries de la façon dont il s'habillait.

Symptômes
la presse de gauche fut loin d'être la moins acharnée témoignant des ravages provoqués par la révolution conservatrice sur le monde culturel français témoignant également de la folie démiurgique qui s'emparait des journalistes persuadés qu'ils allaient par leurs discours « faire et défaire le monde au service des puissants ».
Nous ne sommes pas loin du « matin brun »de Franck Pavloff. il fallait tuer le soldat Bourdieu. Cette presse n’eut même pas la décence de se taire le jour de sa mort redoublant d'ignominie. C'est ce qui amena Michel Onfray à réagir dans sa « célébration du génie colérique. Tombeau de Pierre Bourdieu . ».
Bourdieu à dit ses raisons en évoquant ce qu'il appelait « sa fureur légitime » cette colère née de l'assurance tranquille avec laquelle le discours néoconservateur s'exprimait dans toutes les universités s'affichait dans tous les journaux, à la télévision pour justifier les gouvernants contre l'aveuglement des masses pour justifier, au nom de la raison, des lumières, les politiques néo-XIXe siècle (l'histoire est courbe) . Il voulut montrer comment les idéologies animaient ces bons Pasteur, comment elle se construisait et produisait de la violence symbolique imposée dans tout l'espace public, incorporée dans la tête de tous au point qu'on ne la remarquait plus derrière la propagande . Il était persuadé que le concept était une arme, que de révéler les modes d'action de cette violence symbolique, de ses effets de domination qu’il ne faut pas confondre avec ceux du pouvoir, permettrait de s'en libérer. Il savait aussi que la réalité sociale est produite par les discours qui prétendent la décrire. Dire c'est aussi faire. Seul il a mené une bataille dans l'ordre des discours, dans l'espace des représentations contre un adversaire organisé financé par la quasi-totalité des réseaux politiques et médiatiques.
Il pensait également que les mots de la résistance deviennent fort quand il rencontre les désirs de la révolte qu'il contribue à cristalliser par leurs révélations. Qu'on se souvienne de « la misère du monde » il voulait rendre la parole que tous les appareils idéologiques d'État nous ont confisquée à tous. Tous ne pouvaient que le faire mourir. Nous y participons tous agit à notre insu par le sens commun, incorporé jusque dans nos corps et nos structures mentales...processus qu’il avait lui même inlassablement mis en lumière.
Je finirai par une allusion au « matin brun » petit opuscule de salubrité publique :
« Dans la vie, ils vont d'une façon bien ordinaire : entre bière et belote. Ni des héros, ni des purs salauds. Simplement, ils détournent les yeux.
Sait-t-on assez où risque de nous mener collectivement les petites lâchetés de chacun d'entre nous ? »

jeudi 18 mars 2010

Extrême droite et classes populaires



Le retour du Front National est à n'en pas douter le fait marquant de ces dernières régionales. Qu'on se rassure : Marine Le Pen, et son père n’ y sont pour rien. On le doit essentiellement au fin stratège que se vante d'être notre monarque et à quelques autres…
Que s'est-il donc passé pour que tant de gens populaires, ouvriers, employés, dont les réactions immédiates exprimaient un dégoût viscéral à l'encontre de ceux perçus comme des ennemis de classe, se mettent à voter Front National et que, pour un nombre non négligeable d'entre eux, ils en viennent à voter pour un représentant caricatural de la bourgeoisie d'affaires, élu grâce à eux, dès le premier tour à la présidence de la république ?

La responsabilité que porte la gauche officielle est écrasante. Mais elle n'est pas la seule. Il faut également s'interroger sur ceux qui ont relégué leurs engagements des années 70 dans le passé des frasques de jeunesse et qui sont devenus aujourd'hui des gens de pouvoir, des notables modernes . Ils s'évertuèrent à imposer des idées de droite et de renvoyer aux oubliettes tout ce qui constituait leur dandysme utopique de jeunesse. De leurs nouveaux discours, ce n'est pas seulement le mouvement ouvrier qui disparut, ses traditions, ses luttes, mais bien la classe elle-même, sa culture, ses conditions de vie, ses aspirations au progrès. Quand on manifestait en 68, en tentant naïvement de lier le mouvement étudiant à celui des ouvriers, on s'entendait répondre : « Vous serez nos patrons dans 10 ans ! » On ne peut que leur donner raison quand on voit ce que sont devenus aujourd'hui ceux qui prônaient la guerre civile, se grisaient de la mythologie de l'insurrection prolétarienne ! Toujours aussi sûrs d'eux, aussi véhéments, mais pour dénoncer la moindre velléité de contestation populaire. Et pour cause ! Ils sont devenus ce qu'ils étaient promis à être par leur destin social : des notables installés politiquement, intellectuellement, dans le confort de l'ordre social et la promotion d'un monde qui convient parfaitement à ce qu'ils aspiraient à devenir. Ils cautionnaient une gauche sans prolétariat.

En 1980 la victoire de la gauche allait bien vite déboucher sur une profonde désillusion des classes populaires et surtout sur une désaffection méfiante et durable à l'égard de toute la classe politique : la gauche, la droite tous pareils et c'est toujours les petits qui payent… » La gauche allait entrer peu à peu dans une dérive profonde sous l'emprise d'intellectuels néoconservateurs, qui, sous couvert de renouveler la pensée de gauche travaillaient à en effacer tout ce qui en faisait l’essence populaire. On ne parle plus d'exploitation, de rapports de classes, mais de « Refondation sociale », de « modernisation nécessaire »… Le déterminisme social lui-même disparut dans la nouvelle morale néolibérale de « responsabilité individuelle ». Les classes furent effacées , diluées, dans le trop fameux « vivre ensemble ». Les affrontements de classes se muèrent en « pacte social », en « contrat social » ou les individus, isolés de leurs anciennes solidarités, définis comme tous « égaux en droits » étaient appelés à oublier leurs « intérêts particuliers » c'est-à-dire invités à se taire.

L'enjeu était à peine maquillé : Exaltation du sujet autonome pour en finir avec toutes les pensées héritées des déterminismes historiques. Démantèlement de tous les acquis sociaux au nom du nécessaire individualisme contemporain. On a là une Forme à peine déguisée de lutte de l’idéologie dominante contre l'hydre du collectif, du communisme sous quelque forme que ce soit. Tout au plus daigna-t-on donner un peu le change dans des versions néo morales de la philanthropie en remplaçant les opprimés, les exploités d'hier par « les exclus », « les victimes de la précarisation » , attitude hypocrite, perverse pour désespérer toute approche en termes d’oppression, de lutte de classes..

Le vote communiste était un vote revendiqué, proclamé, dans lequel la classe montre sa force et sa fierté d'être. Le vote d'extrême droite aura été une démarche, hésitante dans lequel on défend en silence ce qu'il reste de cette identité désormais ignorée, effacée de l’histoire quand elle n'est pas méprisée par une gauche de hiérarques tous issus de l'ENA c'est-à-dire du lieu où s'enseigne une idéologie dominante, largement transpolitique.

On ne peut être que persuadé que le vote pour le Front National doit s'interpréter comme le dernier recours des classes populaires pour défendre leur identité collective perdue, une dignité qu'ils sentent toujours menacée, piétinée par ceux qui les avaient autrefois défendus. La dignité est un fragile absolu, il lui faut des signes, des assurances, qu'on ne soit pas considéré comme une quantité négligeable, comme de simples coûts économiques, comme des objets muets de la décision politique. Dès lors si ceux à qui l'on accordait une certaine confiance ne la mérite plus, on la reporte sur d'autres pour peu qu'ils vous accordent s quelques mots qui réchauffent la fierté d’être…

A qui la faute , si la signification d'un « nous » se transforma en « les Français opposés aux étrangers » plutôt que « les ouvriers opposés aux bourgeois » ? Dans leur obstination à oublier la classe ouvrière, les gens d’en haut ont voulu tordre l’histoire et imposèrent une dimension nationale et raciale des conflits sociaux . Ce faisant, ils apparaissent comme favorisant l’immigration, et s’étonnent qu’ils désignent de fait ceux d’en bas comme souffrant de celle-ci, accusée d’être la cause de tous leurs maux…
Il faut que la classe ouvrière retrouve son histoire et qu’elle ne se trompe pas d’ennemi.

lundi 15 mars 2010

Quel beau dimanche ça aura été...

Tout a été si parfait. Le peuple tout d'abord par son abstention comme un dégoût venu du froid des masses silencieuses. Une véritable insurrection muette et citoyenne pour une nouvelle république. Un grand merci à M. Besson, Hortefeux et les autres pour le retour du Front National, piège mortel pour le monarque. À trop souffler sur de vieilles braises pour les éteindre, on finit par rallumer la flamme. Bonne nouvelle encore, que les écologistes soient remis à une place que la raison leur assigne. Etonnement souriant pour une gauche ébahie d'elle-même qui retrouve soudain l'unité et l'espoir sans vraiment savoir pourquoi. Même le front de gauche gagne ses galons pour cette première bataille... Rien ne manque : pas même la Bérézina de la droite, ni la désintégration du modem, ni même l’infinie tristesse des plateaux de télévision en grève.
Allons, mon chien, allons nous promener après un si long hiver, le printemps s'annonce radieux.
 
> rédacteur Agoravox