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vendredi 11 décembre 2009

Identité nationale: Le désarroi de l'élève Sarkozy


Le débat piégé sur l'identité nationale est inutile. De nombreux intellectuels dénoncent « le rapt de l'idée de nation et des idéaux universalistes » il serait plus pertinent d'évoquer « l'identité de la république » et mettre au centre la citoyenneté. Ce débat est initié par une institution totale : l'État. Comme toutes les institutions, celui-ci est menacé de débordements constants nécessitant des réformes constantes et anxieuses car comme le disait Spinoza : « une cité est plus menacée par ses citoyens que par ses ennemis. » Il ajoutait : « le monarque doit se garder et non plus veiller sur ses sujets mais leur tendre des pièges… » Ce n'est donc pas sur l'identité nationale mais plutôt sur la politique qu’il faut s'interroger. L'initiation de ce débat est plutôt un symptôme du désarroi des États-nations de voir leur peuple leur filer entre les doigts comme du sable, symptôme d'une angoisse de dépossession d'une légitimité populaire sous les coups de leur propre politique.
Du point de vue de la république des lumières, il est une identité qui les contient toutes et les transcende toutes : la citoyenneté. Identités privées, sociales, politiques, régionales, religieuses, sexuelles, communautaires s’effacent garantissant par là même la possibilité de les vivre dans la sphère privée. Elle se manifeste par le pouvoir du citoyen détenant une part de souveraineté de contrôler ceux à qui ils la remettent, principalement par le vote, sorte de sacrement profane qui fait vivre à tous les citoyens un état fusionnel de cohésion nationale.
Mais voilà, sous les coups de l'ultralibéralisme, l’État a été le fossoyeur de la citoyenneté faute de ne pas pouvoir assigner le marché à sa place. Il est maintenant effrayé par ses propres dérives. Il a peur ! Il a peur du peuple malgré ses tentatives désespérées de le réduire au silence par la haine de la culture et des intellectuels, les tentatives d’effacement des classes sociales et les mises pas de toute critique radicale.
Qu'on en juge ! La sphère privée l'est de moins en moins et est totalement pénétrée par le pouvoir économique et politique sous les coups d'un mouvement général de privatisation et d'individualisation des rapports sociaux. Elle est pourtant le lieu de toutes les pratiques particulières dont les expressions sont devenues illégitimes dans la sphère publique d'où vient une politisation identitaire de l'espace privé et son corollaire : une dépolitisation publique.
Il faut ajouter à cela la précarisation, l'exclusion sociale, le démantèlement des services publics, la privatisation rampante d'une sécurité sociale égale pour tous fragmentant la société en de multiples éclats, dispersant le peuple en rendant inaudible toute manifestation collective, toute tentative d'actes citoyens d'exercice de la souveraineté populaire. On assiste à une véritable fragmentation dangereuse de l'imaginaire citoyen : laïcité bousculée, on se souviendra de la gestion calamiteuse de l'affaire du « voile islamique » la loi de 1905 suffisait, mais non cela n’a pas servi de leçon, ils s'attaquent maintenant à la « burka », qu'on songe encore à la « parité », « la discrimination positive », l'affaire du référendum d'initiative populaire… Tout cela accentue le brouillage de l'idéal citoyen. Brouillages encore aggravés par la confusion des genres, l'abandon par les hommes d'État eux-mêmes d'un discours républicain : discours s'adressant à des « communautés », des corporations voire des individus alors que le registre républicain n'admet pas d'identités intermédiaires susceptibles d'exprimer et de revendiquer en leurs noms des droits spécifiques. La gauche ne fut pas en reste dans cette démolition de l'esprit citoyen : en1989 François Mitterrand usait d'un vocabulaire communautariste surprenant en s'adressant au Conseil Représentatif des Institutions juives de France « je veux exprimer à la communauté juive de France ma sympathie personnelle et lui dire combien j'apprécie son apport à la communauté nationale »... On a la un exemple parmi beaucoup d'autres de prises de parole qui attestent un phénomène d’abscription identitaire au fondement communautaire et particularisant.
Depuis la « révolution conservatrice des années 80, la dérive n’a fait qu’empirer :Un État ébahi par ses courtisans prenant sans le vouloir parfois des mesures obscurément communautaires comme l'enseignement des langues régionales, l'officialisation d'identités collectives telle que les associations « représentatives », institutionnalisant des lobbies, experts privés ou bien encore banalisant les usages stigmatisant du terme « d'immigrés », de « sans-papiers » …Alors il ne sait plus, il angoisse, ignorons les peuples, gouvernons la planète !? Comme un enfant étourdi il veut qu’on le rassure ! M’sieu, comme disent les élèves, si on faisait un débat ?
Un aveu d’impotence pathétique à dire la capacité de l'identité civique française à accueillir l’altérité, le mort saisit le vif. Le pouvoir est rentré dans un jeu de dominos insensé de communautés divisibles à l'infini étouffant ainsi l'un des acquis majeurs de la citoyenneté républicaine : Son souci de protéger l'individu contre les risques de sa propre appartenance communautaire. Le citoyen a des devoirs : retrouver la guerre de l’ombre, faire que le silence du peuple soit abyssal pour une fois qu’on lui demande de débattre…

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> rédacteur Agoravox